Article 3

 

Patrimoine religieux

Quelques nuages noirs en vue

 

Par Jean-Pierre Lamonde, président, Société historique de Bellechasse

Dans l’article précédent, nous avons jonglé avec les notions de paroissien et de citoyen. Ce n’était pas de façon innocente comme vous vous en doutiez. Aussi, dans cet article, nous allons dégager les conséquences que ce glissement de paroissien à citoyen de la majorité de notre population fait peser sur l’avenir du parc immobilier de l’église, notre patrimoine religieux.

 

Pour assurer l’entretien de l’église et de ses dépendances et offrir le culte aux fidèles, une assemblée de fabrique compte sur plusieurs sources de financement : la capitation ou la CVA, les offrandes aux messes, les baptêmes et funérailles, les quêtes spéciales, les dons de particuliers et les revenus de placement, le cas échéant. À ces ressources financières s’ajoute un important bénévolat qui sauve bien des dépenses. Toutefois, à partir du moment où moins du quart de la population fréquente régulièrement les sacrements, il manque de toute évidence une partie des revenus habituels. Heureusement que plusieurs non-pratiquants et non-croyants donnent à l’occasion de la capitation. À Saint-Henri, les personnes peuvent spécifier que telle part de leur CVA doit aller au culte et telle part à l’entretien de l’édifice. Rappelons enfin que l’église est fréquentée très majoritairement par des anciens, et que la Fabrique accuse un manque à gagner de 500 $ par année pour chaque personne de 55 ans et plus qui décède, les jeunes ne prenant pas la relève.

Pour ce qui est des dépenses de la Fabrique, elles sont constituées de plusieurs rubriques : les assurances, le chauffage et l’électricité, le personnel de secrétariat, d’entretien (bedeau) et de pastorale, la part envoyée à l’évêché, le culte (personnel et fournitures), etc. Aussi, des dépenses à long terme. Par exemple, la cie d’assurance vous informe qu’elle ne vous assure plus s’il n’y a pas les gicleurs. Il faut alors décaisser environ 75 000 $, si on l’a. Plusieurs fois par siècle, il faut faire des travaux majeurs à l’église et les coûts sont de plus en plus énormes.

Nous connaissons une église de Bellechasse dont les dépenses en énergie, chauffage et électricité, s’élevaient à 50 000 $ il y a deux ans. Cette année, elles seront de 85 000 $. Et l’an prochain? Une autre église s’est fait dire par les assurances de fermer ses portes parce que la structure menaçait de s’effondrer. La population fait des efforts inouïs et louables pour remédier à ce problème.

Que se passe-t-il dans une organisation où les revenus baissent considérablement et où les dépenses augmentent dramatiquement? À moins de gagner le gros lot, la situation financière devient alors intenable. Certaines paroisses auraient des réserves de quelques centaines de milliers de dollars. Combien de temps tiendront-elles le coup? À chacune d’elles de faire les calculs, mais tôt ou tard, ce sera intenable pour toutes. Faut-il attendre ce jour où anticiper tout de suite des solutions, pendant que la catastrophe n’est pas sur les têtes? Les assemblées de fabrique doivent-elles privilégier la sauvegarde des bâtiments ou s’occuper de la transmission de la foi?

Dans un prochain article, nous examinerons les pistes de solution qui se présentent et ferons état du cas La Durantaye. Pour commentaires : lamondej@globetrotter.net